Vidange moteur, changement de batterie : nous t’avons déjà partagé toutes les clés pour maîtriser ces tâches. Tu souhaites ajouter une corde à ton arc ? Apprends à contrôler et à régler ton jeu aux soupapes. Rassure-toi, pas besoin d'être un mécano aguerri pour réaliser ces opérations, il suffit d’un outillage minimum et d’un peu de patience. À quoi servent les soupapes ? Comment mesurer le jeu et l’ajuster ? Nous te livrons toutes les infos.
Si tu connais déjà toute la théorie, tu peux accèder directement au tuto ici.
Aller un peu de pédagogie, avant de régler le jeu aux soupapes, il est préférable de savoir à quoi elles ressemblent et leur fonction, non ? Une soupape est une pièce métallique constituée d’une tête, d’un collet, d’une tige et d’une queue. On en distingue deux sortes : celle d’admission et d’échappement. Leurs rôles ? Permettre d’aspirer le mélange air-essence, fermer hermétiquement la chambre de combustion et évacuer les gaz d'échappement. Ainsi, chaque piston de ton moteur possède 1 à 2 soupapes de chaque type.
Rentrons dans les détails : hormis si tu roules avec une brêle de cross, le moteur qui équipe ta moto est un 4 temps. Il suit le cycle suivant : admission, compression, détente, échappement (cf schéma ci-dessous). Lors de l'admission, la soupape du même nom s'ouvre. Le piston descend, aspirant le mélange air-essence dans la chambre de combustion. En phase de compression, les soupapes d'admission (intake valve sur le schéma) et d'échappement (exhaust valve sur le schéma) sont fermées. La chambre de combustion est donc complètement close. Le piston remonte en comprimant le mélange. Lors de la détente, les soupapes d'admission et d'échappement sont toujours fermées. La bougie vient d’enflammer le mélange air-essence. L’explosion propulse le piston dans l'autre sens. Enfin, lors de l'échappement, la soupape du même nom s'ouvre. Le piston remonte, expulsant les gaz brûlés hors de la chambre de combustion. Les soupapes sont donc des éléments clé d’un moteur 4 temps !
Les soupapes s'ouvrent et se ferment en cadence au rythme des fameux 4 temps. Mais qui leur donne le tempo à suivre ? L'arbre à cames (AAC). Cet axe à la silhouette étrange, vient ouvrir et fermer les soupapes grâce à ses "bosses en forme de gouttes d'eau", les fameuses cames (camshatf sur le graphique ci-dessus). En fait, il faut le voir comme du papier à musique. Ainsi, tous les 4 temps, une de ses cames appuie sur la queue de la soupape d'admission pour l'ouvrir. Et pendant les 3 restants, celle-ci est fermée. Pour l'échappement ? Même partition, mais décalé d'un temps. Le canon parfait !
Que l'AAC soit en tête, latéral, simple ou double, la partition reste la même. La petite subtilité ? S’il est en tête, les cames sont en contact direct avec la queue des soupapes. Lorsqu'il est latéral, l'AAC actionne des tiges, qui font basculer des culbuteurs qui finalement appuient sur les soupapes. Le résultat est le même, mais avec des étapes supplémentaires.
Passons au cœur du sujet : le jeu aux soupapes. Avec la chaleur produite par les explosions, le métal se dilate. Les soupapes n'échappent pas à ce phénomène. Résultat ? Elles s'allongent. Ainsi, la distance séparant la queue de soupape de la came (ou du culbuteur) se réduit, ainsi le jeu diminue. En refroidissant, elle retrouve sa longueur normale, le jeu s'allonge.
Pas vraiment, cela se traduit par un cliquetis métallique. Et oui, la came étant très éloignée de la queue, l'ouverture se fait de manière assez violente avec seulement l'extrémité de la "bosse". En fonctionnement normal, le déplacement est progressif grâce au profil "goutte d'eau" de la came.
Là, par contre, c'est problématique car elles ne seront jamais complètement fermées. Cela induit deux phénomènes. D'abord, une perte de compression donc de couple moteur. La chambre de combustion n'étant plus hermétique, l'explosion n'est plus confinée. Ensuite, tu risques de griller une des soupapes : n'étant pas complètement closes, elles laissent passer un mélange encore en combustion. En plus de constater de jolis retours de flammes, tu risques donc d'éroder jusqu'à la moëlle une de tes soupapes. Pas terrible…
Tout dépend de ta moto. Certaines marques recommandent tous les 5000, d'autres 12 000 voire 20 000 km. La réponse se trouve dans le manuel constructeur.
Avant de mettre les mains dans le cambouis, il y a quelques points à savoir :
1 - Mesure la valeur "au repos", à moteur froid (sans dilatation due à la chaleur).
2 - Il existe deux dispositifs de réglage : écrou/contre-écrou ou à pastilles. La méthode de contrôle vaut pour les deux, mais la manière d'ajuster est différente.
3 – Durée de l'opération : 30 minutes à 2 heures selon l'accessibilité.
Tout dépend de la configuration de ta machine, mais tu auras besoin dans 99% des cas :
Si tu as déjà les outils que l'on conseil dans notre article sur les outils indispensables pour débuter la mécanique moto, tu devrais déjà avoir la grande majorité.
Maintenant que l'on est bien armé, on peut attaquer la mécanique !
Le PMH est le moment où le piston est au sommet de sa course. Il y a donc un PMH par cylindre : un PMH pour un mono, deux PMH pour un twin, trois pour un tri-cylindre. Quid du 4 cylindres ? Il y a deux Points Morts Hauts, un par paire de cylindres. Généralement, les cylindres 1 et 4 sont appairés, ainsi que les 2 et 3.
Ses cames ou ses culbuteurs sont complètement décollés des queues de soupapes. Dans cette position, un des pistons est au plus haut de sa course et les soupapes correspondantes sont complètement fermées. L'espace entre les queues et les cames est alors maximum. C'est le jeu que l'on cherche à mesurer.
Le manuel d'entretien t’indique les plages de valeur des jeux (par exemple : 0,10mm et 0,15mm). De manière générale, le jeu à l'échappement est plus élevé qu'à l'admission car les soupapes vont davantage chauffer, donc se dilater.
Si tu n’es pas dans les spécifications du constructeur pour chacune de tes soupapes, il va falloir régler le jeu.
On retrouve principalement 2 systèmes différents pour ajuster le jeu aux soupapes de nos machines. Pour savoir lequel se trouve sur ta machine, tu auras l'info sur le manuel d'entretien de ta moto. Tu peux cliquer sur celui qui te concerne pour accéder directement à la méthode concernée:
>Dispositif écrou/contre écrou <
Présent sur les soupapes culbutées, ce dispositif est constitué :
Le réglage se fait à froid avec le moteur au PMH du cylindre que tu ajustes.
Tu auras besoin :
Une fois les deux jeux ajustés, tu peux faire tourner ton moteur jusqu'au prochain PMH et ainsi régler un autre cylindre. Rien de sorcier, non ?
Ces pastilles sont des cales de réglage situées entre la came de l'AAC (Arbre A Came) et la queue de soupape. Leur épaisseur détermine le jeu. Le principe est simple : il y a trop de jeu ? Installe une pastille plus épaisse; il en manque ? Mets une pastille plus fine. Cette opération, appelée "pastillage", nécessite patience et minutie.
Le moteur est froid et surtout, tu as méticuleusement noté les jeux de TOUTES les soupapes. Et oui, le pastillage est une opération délicate pour laquelle tu ajustes tous les jeux d'un coup.
Tu auras besoin :
Place aux calculs maintenant ! Prenons l'exemple d'un cylindre pour lequel tu as mesuré un jeu entre 0,10 et 0,15. Or, les spécifications recommandent une plage entre 0,20 et 0,25. Il te manque donc 0,1mm de jeu. Comment déterminer l’épaisseur de la pastille à installer ?
Épaisseur de la pastille existante - Différence entre jeu mesuré et préconisé = Épaisseur de pastille idéale.
Dans notre cas, le calcul donne 2,75mm - 0,1mm = 2,65mm. Il te faut donc une pastille de 2,65mm d'épaisseur. Tu n'as plus qu'à appliquer la même méthode et le même calcul pour chaque soupape.
Mesurer son jeu aux soupapes et le régler sont des opérations simples qui te permettent de mieux connaître ta machine, de garantir un fonctionnement moteur optimal et accessoirement d’éviter d’aller au garage moto pour sa révision. Ces raisons ne sont-elles pas suffisantes pour mettre ses mains dans le cambouis ?
Si tu veux te lancer dans des travaux mécas plus complexe, n'hésites pas à lire nos conseils sur comment retaper une moto accidentées ou faire un tour du côté des autres tutos méca.
Bonne mécanique !