Avec les règles antipollution toujours plus contraignantes pour les constructeurs de deux-roues, ceux-ci doivent s'adapter et proposer de nouvelles technologies pour les véhicules de demain. Kawasaki a ainsi dévoilé la roadster Z7 et son homologue, plus typée sportive, la Ninja 7 : les premières motos de séries hybride ! Technologie d'avenir sur le marché du deux-roues ou simple argument de comm', on fait le point sur cette nouvelle motorisation dans cet article.
Nos motos (malheureusement) vieillissent. Ainsi, vous serez peut-être bientôt soumis à des règles de circulation strictes, du fait de la mise en place d’une ZFE. Une ZFE, Zone à Faibles Émissions, est une zone urbanisée où la circulation des véhicules les plus polluants est restreinte, voire interdite. Cela pour lutter contre la pollution de l’air. Le fonctionnement d’une ZFE s’appuie sur un certificat de qualité de l’air, qui définit un chiffre aux véhicules, en fonction de leur caractère polluant. Cette vignette donne ou empêche, selon son chiffre, l’accès à une ZFE. La vignette Crit’Air, on en parle ici ! La mesure ZFE a déjà été adoptée par de nombreuses métropoles européennes. Il en existe aujourd'hui plus de 300 sur le territoire européen. Cela évolue très rapidement, des lois ont dernièrement élargi le principe avec les ZFE-m.
Avec le déploiement de ces ZFE sur le territoire national et les lois d'homologations de plus en plus contraignantes vis-à-vis de la préservation de l'environnement, l'avenir du moteur thermique s'annonce malheureusement compliquée. Surtout que le Parlement européen à annoncé la fin de la vente de véhicules thermiques chez les constructeurs d'ici 2035.
Les bénéfices pour l’environnement ne sont plus à démontrer, d’autant que le pétrole n’est pas une ressource inépuisable ni renouvelable. Des alternatives au thermique existent, comme le moteur électrique ; alimenté en électricité par une batterie ou une production à base d'hydrogène ; les carburants alternatifs (les biocarburants) peuvent aisément se substituer aux carburants fossiles. Et enfin les véhicules à architecture hybride, qui allient un moteur thermique à un ou plusieurs moteurs électriques.
L’électrification des motos reste encore très limitée malgré l’avancée du marché automobile en la matière. Probablement en raison de facteurs inhérents au secteur. Les motos 100 % électriques se comptent sur les doigts d’une main. Coût d’achat très élevé ; autonomie trop faible; complexité de la recharge, absence de bruit… La liste des inconvénients est longue.
Un véhicule hybride embarque donc un moteur thermique et un ou plusieurs moteurs électriques. Il existe actuellement quatre technologies de motorisations hybrides, sous trois architectures différentes.
Sur ce type de motorisation, il n'y a pas d'entraînement de roues via un moteur électrique. Un alterno-démarreur est greffé et est utilisé pour recharger la batterie et démarrer le moteur ; il assure également une fonction Start & Stop. Le moteur se coupe à l’arrêt et redémarre automatiquement lorsque le conducteur lâche la pression sur le frein. Pour les mild-hybrid, l'alterno-démarreur est plus puissant et assiste le moteur lors des phases d'accélérations ; il dispose d’un système de récupération de l’énergie à la décélération ; qui recharge une batterie spécifique (en plus de celle d’origine).
La réelle association d’un moteur thermique et d’un moteur électrique ; pouvant chacun à leur tour ou simultanément, entraîner les roues. En plus des deux premières technologies citées s’ajoute la possibilité de fonctionnement en mode 100 % électrique. L'autonomie est toutefois limitée avec les HEV. Elle est plus importante avec les PHEV ; la technologie ayant recours à des batteries plus robustes, à un ou plusieurs moteurs électriques plus puissants, et au moteur thermique qui prend le relais dès que les batteries se vident (chaque kilomètre parcouru recharge ces batteries).
La technologie hybride de la Ninja 7. Source : Kawasaki.fr
Que ce soit des prototypes de fabricants confidentiels ou des scooters de grandes marques, la technologie existe et se perfectionne.
Une moto hybride est donc une moto disposant de deux sources d’énergies pour se déplacer. Les deux moteurs sont intégrés à bord, un moteur principal thermique essence et un secondaire électrique.
Plusieurs constructeurs de véhicules hybrides ont essayé de construire des prototypes hybrides. Le constructeur japonais Kawasaki, motoriste reconnu, frappe le premier en présentant la Ninja 7 Hybrid sur ses terres, lors du Japan Mobility Show. Ce type de motorisation, déjà présent dans l’automobile depuis des décennies, se retrouve pour la première fois sur une moto de série. Kawasaki a fait le choix de prendre un nouveau moteur d'une cylindrée de 451 cc, associé à une boîte de vitesses robotisée, et d'y ajouter un moteur électrique de 9 kW. On atteint ainsi une puissance de 43,5 kW / 59 chevaux ; avec un effet “e-boost” via un bouton, la puissance peut atteindre 51,1 kW / 69 chevaux et offrir ainsi une moto plus puissante, pendant 5 secondes.
Acteur majeur, Kawasaki semble ne pas vouloir passer à côté des nouvelles technologies de déplacements. Après avoir présenté ses Ninja e-1 et Ninja Z e-1, ses modèles 100 % électriques, puis la Ninja 7 Hybrid, sa première moto à motorisation hybride ; la marque présentait à l’EICMA 2023 de Milan la Z 7 Hybrid. Ce roadster rejoint donc la sportive au catalogue des motos électrifiées. Sur la base de la Ninja 7 Hybrid, cette Z sera disponible au printemps 2024.
C’est pour “équivalence” 700 cc. Le bicylindre en ligne de 451cc thermique, secondé par le moteur électrique, promet des départs arrêtés d'un 1000 cc et une consommation d'un 250 cc. Cette Ninja 7 Hybrid dispose d’un système Stop & Start et d'un système ALPF qui permet de passer automatiquement la première vitesse à l’arrêt. Avec 227 kg tous pleins faits, l'argument de Kawasaki est de nous emmener vers une nouvelle façon innovante de rouler, en faisant une économie de carburant. Économies en roulant 100% électrique, mode EV (qui permet également de reculer jusqu’à 2 km/h) ; ou en utilisant les modes Hybride Sport et Hybride Eco, utilisant chacun la puissance électrique en renfort ou en complément de la puissance thermique. La batterie de 13 kg alimentant le moteur électrique ne se recharge qu’en roulant. Avec cette machine, disponible dès janvier 2024, Kawasaki tâte le terrain. Les technologies sont prêtes et le champ des possibilités est important.
Il est très facile de comprendre aujourd’hui que les motards voient toute cette agitation d’un mauvais œil ! Une moto n’est pas un utilitaire ; elle est motrice de passions, de sensations, de partages et de liberté. Mais malgré ça, même si cette technologie en est à ces débuts, elle permettrait de réduire fortement sa consommation d'essence : en effet Kawasaki annonce une consommation similaire à celle d’une 250cc, pour les performances d'une 700cc ! Cette motorisation ouvre ainsi le champ des possibles sur les performances que peut donner un moteur thermique couplé à un moteur électrique avec d'autres cylindrées.
Ces machines seraient pour l'instant plus destinées aux motards roulant principalement en ville, voulant réduire leur consommation de carburant et leur empreinte écologique par la même occasion. Les évolutions futures seront en tout cas majeures, la fin du thermique ayant été actée. Les mentalités devront également évoluer ; nous devrons un jour un l'autre se tourner vers une nouvelle énergie moins polluante.
L’intégration de l’architecture hybride dans les motos représente un vrai challenge. L'espace disponible sur ces machines est extrêmement limité. Il est nécessaire de trouver un équilibre entre l'ajout de deux moteurs, d'un réservoir de carburant et de batteries, sans surcharger le véhicule. Car la question du poids est fondamentale. Les constructeurs doivent relever un véritable défi pour trouver le bon concept, afin de ne pas “plomber” un possible marché. D’autres constructeurs aujourd'hui semblent vouloir emboîter le pas à Kawasaki. Parallèlement à l'émergence des motos hybrides, les motos à hydrogène commencent également à gagner en popularité. Kawasaki, Yamaha, Honda et Suzuki ont, il y a quelques mois, annoncés un projet commun, HySE, visant à développer dans le futur un nouveau moteur à combustion hydrogène dédié aux motos.
Source image mise en avant : Kawasaki.fr
Né au Havre en 1972, motard depuis 1992, j’ai rejoint la grande famille des sidecaristes en 2015. Au titre de “passionné”, je préfère dire que la moto est pour moi un mode de vie. Rouler raisonné, profiter de mon environnement et de cette liberté qu’offre la moto, échanger et partager sont mes moteurs