Force est de constater que freiner s’avère pratique dans la vie quotidienne d’un motard. Alors dans cet article, nous te donnons nos conseils pour freiner correctement et ainsi éviter la gamelle (même en cas d’arrêt d’urgence). Bonne lecture !
Avant de te distiller de savoureux conseils pour réaliser un freinage idéal, intéressons-nous d’abord à la physique. Que se passe-t-il lorsque tu sautes sur les freins de ta bécane ? Un transfert de masse. Tout le poids présent sur ta moto (c'est-à-dire la meule elle-même, tes bagages, toi et accessoirement ton passager) est balancé vers l’avant. C’est le phénomène d’inertie. Le risque ultime étant que la roue arrière te passe par-dessus le casque, te permettant d’exécuter un somptueux soleil. Dans une moindre mesure, la roue arrière délestée de son poids présente moins d’adhérence alors que le pneu avant est plaqué au sol.
Comme nous venons de le voir, ta roue arrière a tendance à se soulever en cas de freinage appuyé. Son grip est réduit. Se servir uniquement de ce frein, c’est opter pour le moins efficace des outils disponibles. Et surtout ? C’est risqué ! En usant uniquement le frein arrière, le risque de dérapage est important, avec à la clé un éventuel high-side du plus bel effet.
Cas inverse : tu ne freines que de l’avant. Étant donné que presque tout le poids de ta bécane repose sur la jante avant, il y a très peu de chance qu’elle ne dérape. L’issue la plus probable – en y allant comme un âne – est donc le stoppie, voire le soleil. Et c’est là tout le paradoxe : c’est le frein le plus efficace, mais c’est aussi le plus dangereux, car en cas de perte d’adhérence à l’avant, c’est la mise au tas assurée. La roue arrière est un peu plus tolérante à ce sujet dans la mesure où un dérapage peut se rattraper moyennant un remplacement de caleçon après coup.
Quitte à avoir deux roues, autant se servir des deux pour freiner (si tu n’es pas convaincu, alors tu peux passer au monocycle à moteur). La meilleure répartition ? 70% à l’avant, 30% à l’arrière. Dans cette équation, il ne faut pas oublier de mettre aussi à profit le frein moteur. Bon, ça c’est sur le papier. Parce que dans la vraie vie de tous les jours, il est impossible de réaliser justement ce dosage. C’est donc le principe qui est important : freiner davantage de l’avant que l’arrière. Et sois rassuré : ton moniteur de moto-école te pardonnera si tu réalises un 60/40.
Pour être optimal, un freinage anticipé doit respecter un enchaînement d’actions à réaliser dans un certain ordre :
Dans la vie, il y a la théorie : le freinage d’urgence est supposé être dégressif – à l’opposé du freinage anticipé qui est progressif. Pourquoi ? Car freiner énergiquement dès les premiers instants permet de mettre à profit chaque mètre parcouru puis relâcher progressivement l’action des freins évite de bloquer une roue sur les derniers mètres.
Mais lorsqu’un semi-remorque te coupe la route alors que t’es lancé pleine balle, bah, la démerde remplace la théorie. Et en pratique ça donne quoi ? La seule différence réside dans le fait de ne pas toucher à l’embrayage lors d’un freinage d’urgence. En effet, il vaut mieux terminer en absolu sous-régime en fin de freinage, plutôt que d’essayer de tomber 3 rapports en 3 secondes, de s’emmêler les pinceaux et accessoirement de bloquer la roue arrière se faisant.
Par définition, le freinage d’urgence n’est pas anticipé. Il faut donc couper les gaz, actionner le frein arrière, se saisir du levier de frein avant dans un laps de temps archi-réduit, sans pour autant céder à la panique et agripper les freins.
En fait, le vrai travail se réalise en amont. C'est-à-dire ? Il faut s’entraîner régulièrement à cette manœuvre pour que le déroulement des actions soit absolument automatisé car tu n’as pas vraiment le temps de réfléchir quand tu fais face à un danger. Enfin, faire corps avec la moto en serrant les jambes sur le réservoir et en contractant les bras (sans les raidir complètement) permet d’éviter de se retrouver avec la tête dans le guidon – littéralement.
Quand tu prends de l’angle, tes pneus sont sollicités pour maintenir le grip sur les flancs. La faute à quoi ? A la force centrifuge qui essaye de t’envoyer dans le fossé. Freiner en virage implique un effort supplémentaire à tes gommards qui sont déjà en contrainte, ce qui accroît le risque de perte d’adhérence (au même titre qu’une accélération en courbe).
Freiner avec la plus grande des parcimonies. Le frein avant aura tendance à redresser la bécane. C’est mécanique. Rien de grave à cela, il faut simplement compenser cet effet au guidon. Quant au frein arrière, il n’aura pas cette action de relever la moto, au contraire. Par contre, encore une fois, c’est mollo mollo sur la pédale, sans quoi, c’est le dérapage assuré.
Là, c’est vraiment une histoire d’habitude et de ressenti. En effet, sur les motos modernes, la pression à exercer sur le levier de frein ne nécessite pas l’usage de 4 doigts. 1 seul suffit. C’est donc uniquement les sensations qui déterminent de quelle manière tu freines. À proscrire seulement ? Le freinage à 5 doigts. Très peu pratique à l’usage.
Non, il empêche seulement que tes roues se bloquent. Il permet donc surtout d’éviter que tu termines ton freinage en position couchée. Tu peux retenir : l’ABS évite la PLS.
Oui, la chronologie et la répartition du freinage (70/30) valent aussi bien à moto qu’à scooter.
C’est sans doute la première chose que tu apprends en débutant la moto : la bécane va là où tu regardes. Bonne nouvelle : cet adage est aussi valable en freinage. Ainsi, si tu veux éviter un obstacle - comme une biche un peu téméraire ou une mamie étourdie qui te coupe la route - alors ne scotche pas dessus. Cible plutôt là où tu veux te stopper. De plus, garder les yeux au loin peut te permettre de trouver une porte de sortie, un « itinéraire bis » pour réaliser un évitement et ainsi éviter le freinage d’urgence.
Un sanglier qui décide de traverser juste sous tes roues est difficile à prévoir. Mais le reste du temps, il est possible d’anticiper. Cela passe par les distances de sécurité qu’il faut constamment respecter. Lire la route permet d’éviter des pièges comme des plaques de verglas, une bouche d’égout, ou encore des feuilles mouillées au sol qui rendent l’issue d’un freinage assez aléatoire. Quoi de plus ? Adapter sa vitesse à la visibilité, aux conditions météo, à son état de fatigue et à la chauffe de ses pneus, etc... Et enfin, en cas de doute sur le comportement d’un autre usager, ça ce mange pas de pain de pré-positionner ses doigts et pied sur les commandes de frein. Tu réduis ainsi le temps (et la distance) pour t’arrêter.
Liquide de frein, disques, plaquettes ou garnitures pour les vieilles mémères : on freine mieux avec une meule correctement entretenue. Idem pour les pneumatiques ! Des pneus correctement gonflés et en bon état sont gages d’un freinage efficace. Enfin, les suspensions aussi ont un rôle important à jouer. En effet, ce sont elles qui garantissent un contact idéal entre ta moto et la route.
Tu sais tout sur l’art du freinage à moto. S’il n’y avait qu’une chose à retenir ? Anticiper est le maître mot. Prendre soin de sa bécane, être reposé avant d’aller rouler, être correctement équipé, s’entraîner à réaliser des arrêts d’urgence : tout ceci fait partie de l’anticipation.
Motard passionné de voyage, je reviens tout juste d'un road trip en side-car Ural de 50000 km jusqu'en Mongolie et Asie centrale. Je partage mes aventures à 2 et 3 roues sous le nom d’Uralistan ! Ce qui me passionne dans la moto ? La découverte, les rencontres et le partage.
